Septembre 2021

Mes pensées, à chaque pas, se télescopent dans le global puis dans le spécifique. La marche me révèle la réalité comme un grand collage, tout défile sans interruption, mais par un découpage très clair : des quartiers, des environnements, des riches, des pauvres, des noirs, des blancs. Ces découpages de l’espace sont aussi ceux de la pensée et des mondes invisibles. Je traverse ces atmosphères, et le Monde avec toutes ces couches me traverse aussi. La marche installe le chaos dans ma tête. Elle crée le désordre dans les idées préconçues, me propulse dans un monde plus vaste, plus grand que celui de mon ordinaire.

Le long fil conducteur de ma trajectoire n’est pas rectiligne mais organique, je me laisse dériver. Mes mains, mes pieds et ma pensée se parlent. Parfois ils se chamaillent; je suis divisée entre ce que je vois et ce que je souhaite; comment dire les choses qui me heurte et comment les partager? Mais nous ne sommes jamais seul.e.s  Mes actions solo se transforme en trame collective; les autres sont présents dans mes créations, je leur donne la parole. Je cultive une pensée de l’écologie entre la nature et l’humain, une sympoïétique de la vie ordinaire. Tout écoutant l’humain, j’observe les plantes, les arbres, le vent, et la synergie des éléments naturels. Je note leurs enseignements; je souhaite faire avec… Tout en m’imprégnant des situations dans lesquelles je circule, j’ouvre le dialogue sur les « jeux de pouvoir » privant une personne, un être de sa dignité, son bien-être et ses droits fondamentaux et plus spécifiquement : droits territoriaux, privatisation du territoire, protection des eaux (en particulier le fleuve Saint-Laurent). Ma méthode commence par l’écoute, la cueillette de récits, de sons et d’images, au hasard. Puis je rassemble les pièces en essayant de retrouver les mots qui reflètent l’instant saisi : ce qui donne lieu à des créations participatives visuelles et audio : parcours guidé de récits (une manœuvre), montage sonore, série photographique et vidéo.